dimanche 17 août 2014

# Dans l'ombre de Mary


C'est l'histoire vraie de PL Travers, créatrice de Mary Poppins, qui refuse pendant près de 20 ans de vendre ses droits d'auteur à Walt Disney, président de la célébre marque à la souris, qui veut en faire une adaptation cinématographique.
A l'été 1961, elle cède sous la pression financière et se rend sur place en Californie pour signer (ou pas) le contrat et adapter l'oeuvre selon ses souhaits.
2 semaines de calvaire pour Walt et son équipe qui vont se plier en 4 pour faire de ce livre un succès populaire malgré les très nombreux reproches faites au scenario, décors, musiques, choix des acteurs.
Le film est aussi en paralèlle, l'enfance de PL Travers, qui explique d'ou lui est venu son inspiration pour écrire Mary Poppins.



Le titre original est Saving Mister Banks, fait mieux écho au fond que le titre français.

Pour les enfants, Mary Poppins est la nounou la plus chouette au monde, avec qui on prend le thé au plafond, on saute dans des dessins, et avec qui on prononce des mots imprononcables.
Pour les autres, Mary Poppins est un film sur le sauvetage d'une famille; 
une nounou arrive comme dernier recours miraculeux, d'un père trop sèvere, cruel et trop occupé à travailler pour profiter de la compagnie de ses enfants, d'une mère un brin trop lègère et suffragette et d'enfants fugueurs.
Pour beaucoup, Mary Poppins, c'est une Julie Andrews et un Dick Van Dick inoubliable chantant avec des pingouins animés ou gambadant parmis les cheminées. 
Pour moi, le message codé derrière le film d'enfance fut limpide : la détresse de Mr Banks, sa solitude, alors qu'il croit sa vie bien rangé, banquier, marié, 2 bambins, son monde va basculer. Passer à côté de sa vie et de plaisirs simples comme faire du cerf-volant au parc avec ses enfants, est donner à tout le monde. Et grâce à l'aide providentielle de Mary, Mr Banks va être sauvé. Evident, mais grâce à Saving Mister Banks, cette explication est en filigrane pour la Terre entière.

Ce film est clairement un film d'auto-promotion, étant produit par la firme Disney. Mais ce making of près de 50 ans plus tard, est plaisant et surtout émouvant.
Le casting est  impeccable : Tom Hanks est Walt Disney, un grand enfant/batisseur-directeur mielleux et Emma Thompson, en dame retors et esseulée, est  PL Travers qui revit au travers de son personnage qu'elle abandonne aux mains d'un autre, son enfance malheureuse en Australie, avec un père fantasque mais alcoolique. Vendre les droits à M. Disney est l'occasion pour elle de faire le deuil de son père, le vrai, M. Travers, en montrant à la face du monde Mr Banks, un papa réhabilité.

Les décors, costumes, voitures, coiffures, sont incroyables. Tout est fidèle à l'imagerie que l'on se fait de cette décennie. L'apreté de PL Travers, d'abord comique, dévoile en réalité une dame éplorée, diaboliquement emmurée dans ses peurs et finalement pathétique. Son personnage retrouve grâce, avec le concours de son chauffeur Paul Giamatti, qui apparait alors comme un benet météorologue, une  bouée amicale à laquelle s'accrocher dans ce raz-de-marée émotionnel.

Faire un film sur un autre film n'est bien sur, pas une première, plus qu'y faire allusion avec le choix des décors, la ré-écriture du script, et la création des chansons, Mary Poppins est carrement projeté à l'avant-première de 1962 avec les réactions en live de son auteur !
Reconstituer la génése d'un film fait penser à Hitchcock en 2012, ou Alfred est montré en train de tourner Psychose.

Au final, un très bon moment. Emouvant.
Précaution d'utilisation : les mélodies savament remasterisées et distillées tout au long du film, vous trotteront dans la tête pendant la semaine suivante.

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