jeudi 16 janvier 2014

Casse-Tête Chinois

15 ans après le début de son histoire avec Wendy, le couple bat de l'aile. Ils ont eu 2 enfants : Tom 8 ans, et Mia 4 ans. Bilingues et plutot malins.

Xavier veut aider sa pote lesbienne Isabelle, (avec qu'il est resté en contact depuis Barcelone et qui est en couple stable avec une américaine d'origine chinoise : Ju) a avoir un enfant. Wendy ne le comprend pas dans cette démarche ; et après un voyage professionnel à New-York, elle lui annonce qu'elle a rencontré quelqu'un et qu'elle emmène les enfants vivre avec elle, là-bas. Ils se séparent, Isabelle tombe enceinte.
Xavier, révolté et attristé, laisse ses enfants partir avec leur mère. Mais il se rend bien vite compte qu'il ne sera pas heureux sans eux, lui à Paris et eux à New York. Il part vivre près d'eux, aux United States of America !
Dans un 1er temps, il crêche chez Ju et Isabelle (enceinte de lui jusqu'aux oreilles). Il trouve un boulot de livreur à vélo, continue d'écrire les chapitres de son roman et les envoie à son éditeur en France. Il voit Tom, et Mia, une semaine sur deux. Mais ulcéré par leurs uniformes scolaires, Wendy ayant trouvé une école privée américaine à la va-vite à leur arrivée, sans en parler à Xavier, il engage une bataille juridique avec Wendy. C'est d'ailleurs son avocat working class qui lui soufflera l'idée d'un mariage blanc, pour rester sur le territoire ricain.

Ju, lui cède l'appartement dans Chinatown qu'elle occupait pendant ses études. Il peut accueillir ses enfants, continuait à écrire (difficilement) et recevoir Martine (petite copine de longue date) de passage à New-York pour le travail, et avec qui, il passe la nuit.
Suite à une histoire incroyable avec un taximan chinois, il épouse une américaine d'origine chinoise et obtient ainsi un visa de résident. 
Ils sont controlés à plusieurs reprises car le Bureau de l'Immigration, les soupçonne de simuler pour les papiers.
Isabelle accouche. Xavier se rend compte que son propre père est un étranger, mais qu'à un moment T, ses parents se sont aimés. Et alors qu'Isabelle lui avait dit : "tu ne seras pas un père au sens strict du terme", il décide de prendre sa place de père. Il en parle à Tom et Mia, qui le prennent très bien d'avoir une demi petite soeur.
La jeune maman, Isabelle prend une maîtresse sous les traits.... d'Isabelle : 15 ans plus jeune, belge francophone comme elle et nourrice de sa fille. Sans cautionner le comportement de sa pote, Xavier lui prête pourtant les clés de son appart pour leurs 5 à 7.
Martine revient le voir pour les vacances de printemps, cette fois avec ses 2 enfants : Lucas, l'ado et Jade, sa fille de  6 ans. Les 4 enfants s'entendent très bien, les parents aussi…

Une après-midi tranquille au square tout va se compliquer !
le Bureau de l'Immigration rend une visite surprise au domicile de Xavier à Chinatown, mais il n'est pas chez lui et ne vit pas avec sa prétendue femme, mais avec Martine et leur 4 enfants. Pire, c'est à ce moment précis que les 2 Isabelle s'envoient en l'air à son appart. Et Ju, conjointe officielle d'Isabelle, toujours propriétaire l'appelle lui signalant qu'elle le rejoint là-bas.
Xavier laisse les 5 enfants à Martine au square, court jusque chez lui et sur le trajet, appelle sa fausse femme qui court aussi pour rejoindre son faux mari et Isabelle (qui ne répond pas) pour la prévenir d'arrêter ses galipettes car Ju arrive...
Xavier arrive in extremis, met les 2 Isabelle sur le toit, et accueille Ju, comme si de rien n'était,sa fausse femme arrive à temps. Les 3 agents du Bureau de l'Immigration, qui voyant les affaires de Martine partout pense que ce sont celle de la fausse femme. Rassurés ils s'apprêtent à partir, jusqu'à ce que Martine rentre du parc avec les 5 enfants. Xavier la fait passer pour la nourrice. Ju s'étonne que sa fille soit là, avec Xavier et Martine et pas avec Isabelle, comme elle le pensait. Voyant son père paniqué, le petit Tom raconte qu'il a demandé à Isabelle de passer du temps avec sa petite soeur...maintenant qu'il est au courant que son père est le père.
Au terme de la bataille d'avocats, Wendy et Xavier parviennent à un accord et Tom et Mia changent d'école. Wendy se remarie.
Les vacances de printemps touchent à leurs fins : Martine lui propose de se (re)mettre ensemble, mais Xavier a des doutes.
Encouragé par son fils Tom, il court la rejoindre à l'arrêt de bus. Ils vont vivre tous ensemble à New-York ; lui, elle, leurs 4 enfants. Il faut juste lui trouver un (faux mari) américain !





A savoir, chez Grand Ecran, Petite critique, on n'aime pas laisser les lecteurs sur le carreau. Donc il faut savoir que ce film est une suite : le 3ème volet d'une trilogie initiée par M. Klapisch en 2002 avec L'Auberge Espagnole suivi en 2005 par Les Poupées Russes. On y suit la vie de Xavier (Romain Duris), dans le n°1, à Barcelone, pendant une année Erasmus, dans le n°2, entre Paris, Londres et St Petersbourg au fil de ses déboires amoureux, et là, le n°3, à New-York pour ses enfants. 

Xavier est auteur. Il écrit des livres sur sa vie. Le film est une mise en abîme du travail d'écriture, puisque comme dans le n°1 et le n°2, Xavier s'adresse aux téléspectateurs leur expliquant que sa vie "ça part tellement dans tous les sens, qu'il vaut mieux qu'il reprenne depuis le début..." On suit donc sa voix intérieure au fil des chapitres et ses angoisses de pages blanches. Pour accoucher, il est aidé dans sa démarche par son éditeur, Dominique Besnehard, qui croit beaucoup au pouvoir pécunier de son 3eme tome. Voilà pour le cadre du film.

Maintenant, comme toujours chez Klapisch, beaucoup de sujets s'entremêlent, pour ne pas céder à la facilité de traiter un sujet/un film, mais aussi pour donner de l'écho aux problèmes de Xavier : la vie c'est compliqué, la preuve !

- Xavier et l'amour
L'Amour est et, l'Amour n'est plus. 
avec Wendy, ça a l'air simple. il ne s'est pas battu pour la reconquérir. il a accepté la séparation, car lui-même sait qu'ils ne sont plus amoureux.
avec Isabelle, c'est une bromance, et impuissant (un temps) face à la détresse maternelle de sa pote, il lui donnera finalement la plus preuve d'amitité du monde : son sperme !
avec Martine, ça a évolué, elle le dit elle-même : il y a 15 ans, un couac entre eux aurait mis 1 semaine à se resoudre, chacun faisant la tête de son côté, là, en 1 phrase c'est réglé.
Martine a muri, elle est moins révolutionnaire, alter-mondialiste, mais plus pragmatique. Etre 2 fois maman et businesswoman, l'a rendu plus directe, l'age aussi, à 40 ans, elle sait ce qu'elle veut et elle le dit. Une femme de son époque finalement.

- Xavier et le New-York réel
il le dit dans son roman : quand on arrive à NY, on n'a pas accès tout de suite aux building et aux appartements terrasses, il faut commencer du bas et, Downtown, Xavier mange du goudron au kilomètre. Avec toutes les séries et films américains, nous, européeens, on voit les Etats-Unis comme un monde blindé de tunes où les seuls problèmes sont de savoir si Brenda va coucher avec Kevin ou Ryan…. La vie concrète aux States, c'est aussi la galère du logement, les appartements insalubres, la violence à coup de batte de baseball, le racisme anti "foreigners", le controle des agents en costumes noirs, un dédale de métros et aussi l'embauche facile, les papas poules modernes, les matelas king size et des communautés dansantes et soudées.
Dailleurs "there are RULES & rules"….. la loi et son contournement. La bataille juridique entre Wendy et Xavier est pretexte à se moquer du système : les avocats sont une industrie. Beaucoup de blabla pour des broutilles, ici le choix d'une école. Mais Xavier et Wendy, n'arrivent plus à se parler calmement.
L'avocat low cost de Xavier lui suggère de partir à la chasse, pour trouver une américaine à épouser, s'il souhaite rester sur le sol américain et ainsi continuer à voir ses enfants.
Il lui conseille aussi de trouver un boulot illégal et revenir le voir, pour le rendre "légal"… Les américains seraient ravis de savoir que le réalisateur chouchou des jeunes français, leur explique comment contourner la loi du visa touristique…..

- Xavier et la paternité
Bien plus que dans les 2 premiers opus, il est question ici, de la place de fils et de père.
il n'a rien partager avec son père, on comprend qu'il veut être complice avec Tom et Mia.
il accepte (soulagé) d'être un "papa de loin" pour le bébé d'Isabelle et se laisse attendrir à la maternité.
il se bat non pas pour la garde alternée avec Wendy, qui a compris que ses enfants ont besoin de voir leur père, mais 1) pour rester près d'eux géographiquement et 2) pour conserver sa légitimité de décisionnaire quant aux choix d'éducations de Mia et Tom.
la paternité c'est aussi au quotidien, il n'y a pas que les grands moments…..les moments vides sont aussi importants : marcher dans la rue en silence avec la main de sa fille dans sa main, ou regarder les Simpsons en mangeant du Mac Do, repeindre son salon en bleu…la vie quoi !
Il se lie d'amitité avec un groupe de papa divorcés au square du coin, et l'évocation du quotidien des familles recomposées fait sourire.

- Xavier et sa vie de quadragénaire
Xavier le répète, et à Martine et à Isabelle : à 40 ans, fini les bêtises !
Mais les bêtises, c'est quoi ? se sentir jeune de nouveau ? pour Isabelle, c'est l'infidélité, la sensualité retrouvée. Martine, elle, semble être épanouie en businnesswoman traitant avec des chinois
Après 15 ans de confort sentimental et financier, Xavier recommence tout dans une nouvelle ville, étrangère de surcroit. En papa moderne, il doit se composer une nouvelle vie : logement, travail alimentaire, travail d'écriture, amour, comme si la galère de l'Auberge Espagnole recommençait. Mais il y a des enfants dans l'engrenage.
Dailleurs comme le film est sa vie et sa vie est le roman qu'il écrit, à un moment, il ne peut pas écrire et s'occuper de ses enfants, il abrège une conversation avec son éditeur. Mais c'est quand il est avec eux, qu'après il a des choses à raconter. Sinon c'est le néant. Dans ces moments de creux, Heidegger et Heggel viennent le soutenir. Scènes décalées et hilarantes ou Xavier conversent avec des apparitions des philosophes allemands.
Jusqu'à la scène finale sur le toit, la construction du livre et de sa vie s'entrecroisent, car Besnehard, l'éditeur ne veut pas de happy end. Il parle bien évidemment du roman. Mais l'ambiguïté reste. 

Mon avis : a revoir en mode marathon Klapish  : L'Auberge Espagnole, Les Poupées Russes, et Casse-Tête Chinois à la suite avec escale pop-corn.
On rit aux situations, aux propos, on a la gorge nouée sur les pourquoi et les séparations.
Casting impeccable, comme d'hab : chapeau au nouveau mari de Wendy, l'archétype de l'américain charpenté comme un quaterback;  chapeau bis pour l'apparition de Kyan Khojandi de Bref, que j'adore.  Panoramas et décors aux cordeaux. Dialogues justes.
Klapisch a évolué avec son public, l'heure n'est plus à l'amitié européenne, en passant l'Atlantique, il nous dresse une toile politique sur la mondialisation.
Et pourquoi pas un opus 4 en Chine ?

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