Du grand Dreamworks, en 3D en plus, j'ai noté les paysages époustouflants, les couleurs luxuriantes, les textures, les effets spéciaux de torsion (corps de Eep quand elle escalade ou les nuées d'oiseaux) et le rythme du film (alternance entre moments tendres, droles et action), les nombreux gags, les anachronismes (les freins du mammouth, l'histoire du soir comme à un enfant…) et le running gag de la vieille belle-mère que le père espère voir canner…
Beaucoup de sujets s'entremelent mais s'il ne s'agissait que de gros gags sur la préhistoire, ce ne serait pas du grand Dreamwork… Double lecture.
Il est question ici :
- de l'affaiblissement de la place du père au sein de la cellule familiale
- du monde qui se délite autour de nous, et où la fuite en avant et la famille comme valeur refuge sont devenus gage de notre survie émotionnelle.
Il est question de sexe : beaucoup auront zappé cet angle, mais Eep, la jeune fille en fleur amoureuse de Guy, et le père qui fait tout pour les séparer. La fille se détache de la famille et veut prendre son envol, crée sa propre famille; mais le père ne veut pas que sa fille s'accouple ? car quel age a t'elle en réalité ? Eep est formée, plus petite que sa mère en taille, et insolente comme une ado. Faut-il y voir un cliché de série/film américain sur les ados, ou les parents sont des empecheurs de tourner en rond ? Ou de façon plus glauque, la guerre des males alpha, car Eep est arrivé à maturité sexuelle ?
Retournons vers l'innocence… Les Croods c'est surtout le film des premières fois.
Le premier feu, la première idée, le premier piège, le premier déguisement en fleur, la première vue du ciel étoilé, les premières chaussures…..
L'humanité n'est qu'à son commencement, il y a tout à découvrir, comme un enfant qui découvrirait le monde.
Comme disait un certain M. Hulot : l'émerveillement est le premier pas vers le respect.
Quand le monde était encore monde, quelque chose de vaste, d'inconnu, à l'état de nature… Un retour aux sources en quelques sommes.
Serait-ce une nouvelle fois, une alerte écologiste, sur ce que le monde était, et nous pousse à regarder ce qu'il est aujourd'hui ou ce qu'il sera demain.
Je pousse loin, car tous les paysages sont fantasmagoriques, c'est avant tout un film pour enfants, tout comme les animaux préhistoriques qui ne sont pas historiques justement mais des spécimens chatoyants.
Alors même si au début la curiosité est teinté de bestialité, les Croods reniflent, regardent, approchent, se battent; la fascination pour les idées de Guy, et le monde qui leur fait découvrir, deviennent plus grands à mesure que leurs esprits s'ouvrent.
Il y a aussi dans ce film, l'angle du but à la vie. "A quoi ça sert tout ça ?" lance Eep à son père alors qu'ils sont dans la caverne au début.
Est-ce que la vie, c'est juste survivre en se terrant dans une caverne ?
Est-ce que la vie, c'est être auprès de celui qu'on aime ? Rester auprès de sa famille, ou suivre un "inconnu" ? Quelle mode de vie choisir ? sédentaire et apeuré ou nomade et libre ? Esprit cloisonné versus esprit inventif.
Ils semblent que tous les Croods y compris le père, rallient la raison existentielle de Guy : suivre le soleil. C'est une injonction à libérer nos modes de vie, à excepter la nouveauté et se tourner vers le positif, le savoir.
Tout est sublimé dans ce film, même la morale est fascinante et vieille comme Hérode : l'obscurantisme comme seul danger.
Un classique, de la trempe de Nemo. A revoir encore et encore !
Une nuit, celle-ci croit voir un soleil à l'extérieur de la tanière, elle sort sans permission, et fait la connaissance de Guy, un nomade de son age, débrouillard.
Il lui explique ce qu'est le feu, que la fin du monde est proche, qu'il faut donc fuir loin, Eep refuse; il lui confie donc un coquillage pour l'appeler en cas de danger.
Le jour suivant, la caverne des Croods s'effondre, laissant découvrir tout un monde vegetal insoupçonné, derrière les rochers.
Menacés par un animal, ils plongent dans la jungle, qui est pour eux, un monde pleins de menaces : des singes leur tapent dessus, de gros chats les poursuivent, les cavernes pour la nuit ne sont pas nombreuses, il y a des bêtes carnivores/cannibales. Tout est nouveau est donc dangereux. La néophobie comme étendard.
Alors que la nuit est tombé dans la plaine ou ils viennent d'arriver, les Croods sont menacés par une nuée d'oiseaux. Eep appele Guy, qui accoure pour la/les sauver à l'aide du feu qui éloigne les oiseaux.
S'ensuit les présentations entre le feu et les Croods qui se situe entre la fascination et la peur, puis les présentations entre Guy et les Croods, soupçonneux.
les Croods ont besoin de son feu pour survivre.
Guy en otage, va devoir les suivre, et va leur apprendre à faire du feu, à pièger les animaux style gros dindon au lieu de courir après son oeuf, à nager, à marcher avec des chaussures, à se débrouiller seul en les séparant. Eep tombe peu à peu amoureuse et le papa est de plus en plus recalcitrant aux idées de Guy
Quant il comprend que sa famille est plus prete à suivre cet inconnu vers le soleil plutot que lui, père et mari, vers un endroit sure, il se met dans une rage folle et veut tuer Guy. Ils se retrouvent pris au piège dans du goudron. Guy partage alors qu'il a perdu sa famille il y a longtemps et que son credo dans la vie, c'est de suivre le soleil.
Finalement, cette conversation les rapproche, Guy n'est plus un étranger, son ambition est louable, et son penchant pour Eep est à demi-adoubée.
Grâce à une idée de Guy, ils parviennent à sortir du goudron, mais alors que depuis le début, ils font route vers la plus haute montagne pour rejoindre le soleil (demain) la terre s'écroule juste devant eux. Le père les lancent de l'autre côté du canyon qui vient de se former et reste seul dans les amas de rocher de l'autre côté.
Alors que le père se lie d'amitié avec le gros chat qui les poursuivaient, il entend au travers des roches et brouillards, le son du coquillage au loin.
Il croit sa famille en danger, et le père monte un stratagème pour les rejoindre et les sauver. Il se fabrique un dirigeable grossier avec toutes les découvertes récentes : la carcasse d'une baleine comme carlingue, le goudron qui colle, les oiseaux carnivores englués dans le goudron et le feu pour les faire voler à gauche ou à droite.
Son invention fonctionne et il les rejoint sur l'autre rive du canyon. Les Croods n'étaient pas en danger. Eep appelait juste son père par desespoir, croyant ne jamais le revoir, comme un hommage au travers de la brume.
La famille réunie, et avec Guy et tous les animaux de compagnie trouvés ça et là, ils font de l'errance leur nouveau mode de vie, suivant le soleil à l'horizon. FIN.